Vive l’intelligence naturelle!

Oui, nous voilà arrivés à un moment charnière de notre évolution. Depuis l’invention des premiers outils essentiels à notre survie – lance, flèche, roue, bronze, fer, poterie, cuisson, électricité, moteur… – l’humain fait face à sa plus récente invention, une création qui dépasse ses propres capacités de savoir et de compétences. Et contrairement à tous les outils précédents, celui-ci saura se développer par lui-même. Une invitation à miser sur nos habiletés relationnelles et compétences socioémotionnelles – voir mon article, La révolution du savoir-être.

Contents, pas contents

Nos réactions sont partagées, entre enthousiasme et appréhension. En quelques années seulement, les balbutiements de l’intelligence artificielle ont permis de sauver des millions de vies en diagnostiquant et en proposant des traitements appropriés pour combattre des cancers, dont certains ignorés de leurs porteurs.

L’envers de la médaille est l’anxiété provoquée par la perspective de voir nos métiers et professions en voie d’extinction – ou de transformation profonde. Entre les avancées des outils conversationnels et l’émergence de robots comme Optimus, il est vrai que des millions d’emplois disparaîtront. Mais des millions d’autres naîtront.

Se responsabiliser

La peur immobilise. Le meilleur remède est l’action. Peu importe le scénario, de la même façon que plusieurs Canadiens profitent des politiques protectionnistes américaines de 2025 pour accélérer la souveraineté économique du Canada, notre meilleure posture individuelle est de faire preuve de la plus grande responsabilisation personnelle qui soit. Ce n’est pas ce qui nous arrive qui nous définit, mais ce que nous faisons de ce qui nous arrive.

La force de nos ancêtres nous habite

L’humain est une machine à s’adapter. C’est ainsi que nos ancêtres les plus lointains nous ont permis de voir le jour, individuellement et collectivement. L’histoire a connu des périodes bien plus graves et difficiles que celles que nous traversons aujourd’hui. Imaginez la vie de ceux qui ont survécu à la collision de météorites (l’événement du Dryas récent) il y a 12 800 ans, replongeant leur monde dans une ère glaciaire! Ils ont su s’adapter, allant jusqu’à bâtir des cités souterraines, dont certaines comptaient jusqu’à 20 000 habitants (à voir dans la série documentaire Netflix, Ancient Apocalypse).

Plus près de nous, je pense souvent à la vie de mes grands-parents, 16 personnes entassées dans une petite maison sans isolation, sans électricité et sans toilettes, durant de longs hivers.

Nous avons hérité de leur résilience, de leur courage, de leur ingéniosité, de leur capacité d’adaptation, mais surtout, de leur force de collaboration – le principal facteur qui distingue l’Homo sapiens des autres espèces et qui lui permet de dominer cette planète depuis peu. Et bien plus encore!

Il n’y a rien comme l’humain

Car quand je pense à l’humain et à son intelligence naturelle, je pense à l’amour qui nous habite, à la joie, aux éclats de rire, à notre sens de l’humour, à notre capacité à nous émerveiller et à apprécier la beauté. À notre poésie qui s’exprime au-delà des mots, à notre volonté d’exceller, à notre inclinaison à aider, à éprouver compassion et empathie, à rêver et anticiper, à jouer, à donner et à servir. Oui, vive l’humain! Vive l’IN! Vive l’intelligence naturelle!

Plus tard, c’est maintenant. Nous sommes arrivés dans l’avenir. Demain, c’est aujourd’hui, plus que jamais. Nous sommes probablement les premiers témoins et cobayes de la plus grande transition de l’espèce humaine depuis des centaines de milliers d’années. Il y aura un avant et un après l’intelligence artificielle.

Mais il n’y a rien comme l’intelligence naturelle, car c’est bien elle qui aura créé l’autre. Et c’est la seule qui aura duré – et durera – grâce au « nous ».

Je range ma peur dans une boîte. Et, fort des gènes des dizaines de milliers de mes ascendants qui ont survécu à leurs époques respectives, je réponds « oui » à celle-ci. Car c’est la mienne. Et la seule que j’ai.

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