Il n y a pas que le bonheur qui rend heureux

Comme disait Mafalda, le personnage de la célèbre bande dessinée de Quino, « Il n’y a pas que l’argent dans la vie, il y aussi les chèques!»

Il n’y a pas que le bonheur qui rend heureux, il y a aussi tout ce qui suit.

Au-delà de la plaisanterie, la vérité de cette prémisse réside dans l’interprétation de la notion du bonheur, variable subjective dans l’équation humaine, d’un individu à l’autre, d’une société à l’autre.

L’obsession d’atteindre le bonheur

Obsédés par cette notion depuis deux ou trois décennies – surtout depuis la publication des travaux sur la psychologie positive de Martin Seligman -, nous les occidentaux (principalement), avons basculés vers l’acharnement même.

À défaut de poursuivre avec conscience et persistance une route truffée de moments à densité et allure variables n’ayant pas encore été jugés heureux ou malheureux, nous sommes obnubilés par notre ambition d’atteindre le sommet, sans égards à ce qui le constitue (vraiment).

Nous visons le bonheur comme si c’était une case à cocher parmi les autres tâches qui ont le défaut de nous donner l’illusion d’une vie remplie et exaucée d’une entière satisfaction. Le désir d’atteindre le «bonheur» prouve être devenu une source d’anxiété plutôt que le vecteur de la quête d’une vie riche et comblée.

C’est quoi le bonheur

Pour les besoins de la cause, résumons simplement qu’être heureux, c’est se sentir bien. Effets neurochimiques tenus en compte ou non, cette définition permettra de baliser les singularités et définitions d’une personne à l’autre.

Ce qui rend heureux

À part le bonheur, le travail rend heureux – Dr Hans Selye avait notamment identifié ce facteur comme étant vital pour une vie heureuse dans son immense ouvrage, «Stress sans détresse». Rien ne se compare à la satisfaction du devoir accompli. Mais au-delà de cet aboutissement «dopaminogène», l’exercice même du travail donne un sens à nos talents et notre essence même, favorisant un sentiment de réalisation de soi. Parfois de la plus haute expression de nous-mêmes. Même le bonheur ne s’y mesure pas.

Qui dit travail, dit effort. L’effort est la chenille de la grâce. Après l’effort pur viendra la détente. La détente physique, mentale, parfois émotionnelle. La sensation de bien-être est indéniable. L’endorphine et la dopamine se croiseront dans votre cerveau et il n’y aura qu’un mot, qu’un son: «Aaaaahh!» Il s’agit du premier son de l’humain depuis le début de son existence. C’est le son de la création. Même le bonheur ne rend pas si heureux.

Nos talents, habiletés, connaissances et savoir-être nous sont prêtés afin de nous réaliser, oui. Mais elles auront un sens qu’à partir du moment où elles sauront rendre service aux autres, à notre famille, notre communauté et société. Les gestes les plus simples que nous portons pour aider un de nos semblables nous remplissent le coeur d’un seul coup. Pour un ami ou étranger. Ouvrir la porte à une personne âgée, regarder un itinérant dans les yeux et lui souhaiter du courage, offrir un compliment à la caissière de l’épicerie, vous avez le choix d’aider. Et ça, le bonheur n’y arrive pas à la cheville.

Aider et donner c’est aimer. Aimer et apprécier la vie et sa vie, aimer la musique, les arts, le silence, la nature, le travail, l’effort, aimer, aimer, aimer… ça non plus le bonheur ne peut pas nous rendre plus heureux que ça.

Je pourrais continuer avec beaucoup d’autres exemples: une victoire sur une épreuve, une bonne nuit de sommeil, marcher, manger, atteindre un but, les relations humaines. Il faut trouver les siens.

Il n’y a pas que le bonheur qui rend heureux, il y a aussi la vie.

Marc André Morel
Montréal, Québec, Canada

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