Pratiquer l’apnée mentale pour survivre au boulot

On dit qu’à partir d’un âge avancé, les cellules du cerveau associées à l’anxiété meurent. Conjugué à l’expérience qui nous a appris à laisser aller beaucoup de choses et de gens, on devient plus indifférent en vieillissant, il faut croire.

Mais en attendant, que faire pour survivre aux défis humains que l’on rencontre au travail? Et à la maison?

Un défi n’attend pas l’autre

Des personnalités difficiles, des manques de communication et de civisme, le nombre croissant de personnes démontrant des comportements et attitudes narcissiques, la charge de travail, des directives approximatives, des collègues difficilement accessibles, voilà quelques-unes des réalités qui peuvent être les vôtres au travail.

Sur le plan personnel, on peut vivre des ennuis de santé, financiers, gaffes de nos enfants, deuils, blessures, travaux imprévus sur la maison, etc.

Le choix du bien-être d’abord

Indépendamment des circonstances et des actions à prendre pour trouver une solution à votre difficulté, la chose la plus bénéfique que j’ai apprise et que je m’efforce de pratiquer, est de choisir quel type de vie je veux vivre. Mon mantra est le suivant: «Rien ni personne ne m’empêchera de me sentir bien aujourd’hui». Deux thèmes ici: je décide; mon bien-être est ma référence.

Les épreuves et les gens qui réussissent à nous heurter sur leur passage sont inévitables. La douleur est inévitable. Par contre, la souffrance, elle, est optionnelle. En termes simples, cela veut dire que nous subirons éventuellement de la douleur – physique, émotionnelle, psychologique, spirituelle. Mais choisir de ne pas «vivre là» est l’étape la plus importante. L’endophasie, notre discours intérieur, détermine le gros de notre expérience.

Dans les enseignements millénaires de la Kabbale, on dit que «Souffrir du mal écarte du bien.» Contrairement à ce que nous avons plus ou moins tous cru un jour ou l’autre, nos malheurs encourus ne seront pas compensés par des périodes égales de bonheur. C’est l’inverse qui se produit si on se complait dans le ressentiment, la posture de victime et autres attachements émotionnels douloureux.

S’inspirer des stoïciens

La philosophie stoïcienne est une école de pensée fondée dans la Grèce antique par Zénon de Citium au IIIe siècle avant notre ère. S’est ajouté Sénèque, l’empereur romain Marc Aurèle et Épictète, esclave devenu philosophe. Elle repose sur l’idée que le bonheur réside dans l’alignement de la vie avec la raison et la nature, et que la clé du bien-être est de cultiver la maîtrise de soi face aux événements externes.

En gros, demeurer neutre face aux épreuves et situations désagréables. Même les plus anodines comme attendre son tour dans une file, supporter la chaleur lors d’une canicule, la circulation dense ou entendre un chien voisin aboyer.

Dans «Le drame de l’enfant doué», l’auteure du livre, Alice Miller, dépeint les enfants qui ont survécu aux abus, quels qu’ils soient, ceux qui ont su se taire et demeurer cois, impassibles, stoïques.

Le terme que je vous propose est «apnée mentale». De la même façon qu’on retient sa respiration afin de survivre sous l’eau jusqu’à un certain moment, bloquer volontairement nos sens, nos pensées et jugements auront pour effet de vous aider à traverser le moment indésirable. Il s’agit de forcer un retrait psychologique. Ce qui est, est.

Pour la suite des choses, il est habituellement préférable de se retirer physiquement. Oui, fuir. Retrait psychologique, retrait physique. À vous de voir si la situation mérite une attention particulière pour l’avenir.

Marc André Morel
Montréal, Canada

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