Facile ou difficile?
Tout est relatif. L’idée de se lever le matin pour partir en vacances et prendre un avion à 6h00 samedi, donc se lever à 2h ou 3h, c’est plus facile que se lever très tôt pour aller travailler. Construire un berceau pour le bébé de notre fille qui vient d’accoucher, ou bâtir un truc semblable pour un client, cela peut aisément cristalliser le choix des épithètes pour qualifier le niveau d’engagement requis, soit, facile ou difficile. Tâches semblables, attitudes différentes.
Ce qui fait la différence, bien souvent, c’est le degré d’amour qui peut être transférer dans la tâche à accomplir, la raison d’être de celle-ci ou la personne pour qui on le fait. Une chose est sans équivoque, il est possible que, pour un projet, rêve, activité, action ou une tâche donnée, que l’on puisse mentalement passer de la rubrique facile à difficile, et vice versa.
Par exemple, lorsque je vois la liste de menus travaux qui m’attendent au cours du week-end, comme nettoyer la terrasse ou ramasser les feuilles, je fais appel à mon expression préférée. Pendant mon adolescence, lorsque mon père et moi faisions équipe pour ranger le désordre du garage, quand il avait terminé un des douze travaux d’Astérix au menu de la journée, il s’exclamait : «Piece of cake». Nous pourrions facilement traduire cette incantation, que j’ai dû entendre des centaines de fois, par l’incontournable expression québécoise : «Y a rien là!».
Des années plus tard, je me suis rendu compte que ce rituel d’expression spontanée d’une mission accomplie était puissant. Les effets neuroscientifiques qu’il soulevait, nous permettait, à mon père et moi, de nourrir notre courage, motivation et persévérance jusqu’à la prochaine victoire domestique.
Si notre jeu entre père et fils, dans les années quatre-vingt, avec le fameux «Facile» ou «Y a rien là» ou «Piece o’ cake» lancé après chaque tâche accomplie, était puissant, ce que j’ai découvert est atomique! Placé devant, ça change tout. L’état d’esprit bascule d’une position d’anxiété, d’appréhension, d’apathie, voire de peur, à un mindset de possibilité, d’investiture, de courage et de résolution.
Que votre projet concerne perdre des kilos, écrire un livre, lancer votre entreprise, changer d’emploi, entreprendre des travaux de rénovations, terminer le rapport demandé, peu importe, posez-vous la question : «Est-ce que ce but me semble facile ou difficile?». Si vous répondrez «difficile», posez-vous cette nouvelle question : «Et si cette tâche était facile, à quoi ressemblerait-elle?».
La plupart du temps, vous allez mentalement commencer à disséquer la tâche difficile en micro-tâches plus faciles. Aussi, en l’imaginant soudainement plus facile, vous vous rappellerez des occasions où vous aviez fait semblable. Mais même si rien ne vous vient à l’esprit, jouez le jeu, et répétez-vous que c’est facile, prenez-la comme elle vient. Ne tardez pas non plus, car le temps gonfle l’anxiété. Nous devons éviter l’évitement, la véritable source d’angoisse, beaucoup plus que la tâche la plus difficile.
Se dire que ce sera facile, cela n’a rien à voir avec le véritable degré de difficulté ou de complexité. Mais tout à voir avec vous, votre bien-être et votre vitalité mentale face à vos projets et vos responsabilités. Vous méritez au moins de choisir l’angle avec lequel vous vous penchez sur votre noble mission.
«Commencez par faire ce qui est nécessaire.
Faites ensuite ce qui est possible.
Et bientôt, vous réaliserez l’impossible.»
Saint-François d’Assise
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