Les arbres meurent debout
La Nature nous propose d’innombrables leçons. Harmonieusement accordée avec l’univers, sa précision chirurgicale rassure, de jour en jour, de saison en saison.
Lorsque son cycle terrestre est terminé, l’arbre reste debout. Oui, les arbres meurent debout. Fiers et élevés d’une mission pleinement accomplie, ils incarnent un nouveau rôle. Ils deviennent des modèles pour leurs semblables.
Quelle métaphore puissante, pour nous, humbles terriens ! Combien pourront se vanter d’avoir su faire écho à nos plus grands talents ? De n’avoir rien laissé derrière. Avoir pourchassé notre raison d’être et notre mission jusqu’à la fin.
Quel genre de modèle sommes-nous pour nos proches, nos enfants, nos petits-enfants? Laissons-nous de la «musique en nous», ou avons-nous épuisé les trésors que sont nos dons, nos talents et nos aspirations?
Peut-être parce que j’ai été aux premières loges du destin douloureux de ma mère, décédée subitement à 47 ans, qui me répétait qu’elle avait manqué sa vocation, suis-je plus sensible à cette possibilité. Quoiqu’il en soit de mon expérience personnelle, les sondages ne sont guère plus glorieux. On s’étourdit pendant des années et la rencontre finale est brutale. Chose certaine, aujourd’hui est le futur d’hier. Et l’avenir peut dépendre de nous, en apprenant à danser avec les facteurs incontrôlables.
L’héritage d’un arbre est plus grand qu’il ne le laisse paraître. L’arbre meurt debout. Il s’éteint avec sa sève entièrement épuisée. Il a tout donné ce qu’il avait. Il a tout donné ce qu’il était. Une force en moi me tient responsable d’éviter les regrets et de mourir comme un arbre. Oui, je veux mourir après avoir utilisé tout ce que je suis et réalisé tous les rêves que je porte dans mon cœur. Debout.
Marc André Morel
Photo: Jay Mantri
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