Besoin de victoires

La victoire aboutit toujours à la fin d’un processus. Victoire personnelle, professionnelle, familiale, sportive ou d’affaires, son effet positif sur la chimie du corps humain est indéniable et universel.

Le simple fait de lever les bras en forme de «V», en deux minutes, le corps sécrète 25% plus de testostérone et 10% moins de cortisol. Avez-vous idée à quel point cette nouvelle composition biochimique est précieuse, en période de confinement hivernal, au onzième mois d’une pandémie qui ne finit plus de finir?

La testostérone est l’hormone de la dominance, essentielle pour faire face au risque, au danger, à l’inconnu. Le cortisol, l’hormone du stress, a intérêt à être contrôlée. À un niveau anormalement élevé, elle nous fait vieillir prématurément et nous maintient en état de «fuite ou combat», provoquant des comportements irrationnels.

Au devant des victoires exubérantes, les plus subtiles, les victoires quotidiennes, sont celles qui ajoutent le plus au bonheur de vivre. En voici quelques exemples :

-Appris à maîtriser un nouveau logiciel

-Trouvé le modèle familial idéal pour partager les espaces en confinement

-J’oriente davantage mon travail en fonction de mes talents

-Développé l’habitude d’aller marcher chaque jour

-Innové et trouvé une nouvelle solution pour l’équipe au travail

-Participé à un atelier qui m’a permis de grandir

-Vidé des boîtes de dossiers et rangé mon bureau

Ces tâches, qui ont fini par aboutir en succès, peuvent sembler anodines, mais elles sont le moteur qui donnent un sens à notre vie. Et du bonheur aussi. Le corps sécrète l’hormone de la dopamine, neurotransmetteur responsable du plaisir et de la récompense, lorsque nous accomplissons et rayons de notre liste une tâche qui est complétée.

Répondre à un courriel qui vient d’entrer ou écraser une pastille rouge sur l’icône de l’application Facebook, LinkedIn ou Instagram sécrètera cette même dopamine. Mais vous n’avez rien accompli. C’est éphémère. C’est un faux sentiment de victoire, d’accomplissement. En fait, il est prouvé que cette orgie de réponses organiques pavloviennes à nos appareils est responsable de la montée en flèche des pathologies d’anxiété chez les jeunes et moins jeunes.

Apprendre à accueillir nos victoires personnelles et professionnelles est une obligation morale que nous devons avoir, pour nous-mêmes, ainsi que nos proches. Car ce que l’humain recherche est de se sentir bien. Se sentir bien, intérieurement, peu importe ce qu’il se passe à l’extérieur. Sinon, nous abdiquons. Nous devenons tributaires des aléas de la vie, de véritables victimes professionnelles! Il y a toujours des problèmes, petits ou gros, quelque part autour de vous. Focaliser sur vos différentes victoires renforcera vos muscles de résilience et de bien-être inconditionnel.

Ce n’est pas parce que ça va mal que vous ne pouvez pas bien aller. Écrivez cette phrase sur votre babillard : «Je vais bien, même quand ça va mal».

En toute fin de journée, je vous invite aussi à prendre l’habitude de vous rappeler vos bons coups de la journée. Murmurez-les en préparant votre lit ou écrivez-les, mais ne ratez pas cette occasion de donner à votre corps sa dose quotidienne de substances chimiques, celles-là même qui ont permis à l’homo sapiens d’évoluer jusqu’ici depuis des millions d’années. Et de gagner.

Besoin de victoires. Pourchassez les victoires.

Marc André Morel

Photo: Engin Akyurt

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