Les effets cachés du télétravail de masse

Il faut se le dire, le télétravail, c’est comme la plupart des choses dans la vie, ce n’est pas pour tout le monde. Mais peu importe votre configuration de travail, voici un sommaire de quelques-uns des effets cachés du télétravail de masse.

Y a-t-il un prix à payer pour la réduction des déplacements autoroutiers vers le lieu de travail, la convivialité des outils technologiques remplaçant les relations en personne et la possibilité de recruter du personnel, peu importe leur lieu de résidence? Oui, il y a un prix à payer pour un modèle de travail à distance, partiel ou à temps plein.

Santé mentale

La pandémie a beau être derrière nous, selon plusieurs experts, dont Dr Joanne Liu, nous sommes encore en état de choc post-traumatique. Les ramifications ne sont pas toutes connues, mais selon des témoignages de gestionnaires et des observations, l’épuisement professionnel fait place à de nouveaux types de détresse mentale, dont l’anxiété, l’angoisse et les problèmes liés à la dépendance à la consommation d’alcool et de cannabis – deux perturbateurs d’humeur et catalyseurs de dépression.

Animal social détaché

Pour vivre de manière équilibrée, l’humain a besoin de contacts avec ses semblables. Pour certains, leur réseau principal était les collègues. Nous avons besoin de ventiler ce qui nous tracasse, rire et commérer. Oui, le commérage est une partie importante du tissu social (voir «J’ai pas les codes», par Christel Petitcollin).

Même les introvertis, qui constituent 70% de la population mondiale, ont besoin de se frotter aux autres régulièrement. Pour beaucoup d’extravertis, le télétravail est un désastre. Une bombe à retardement. Elle explose ou implose. L’implosion peut créer plusieurs troubles, dont la perte de confiance. Comme disait Einstein, demandez à un poisson de grimper dans un arbre et il croira toute sa vie qu’il est stupide. Aller à contre-courant de sa propre nature est néfaste pour la santé.

Rituels et isolement

Le télétravail invite les personnes à développer plusieurs rituels dans leurs habitudes de travail en solo. Les rituels créent chez l’humain une rigidité. Cette rigidité se transforme en pensée psychodogmatique. Ce qui veut dire que nous devenons de plus en plus fermés aux nouvelles idées, façons de faire différentes et au changement. Nous développons des opinions fixes sur des multitudes de sujets et devenons inflexibles face à celles des autres. En bout de compte, nous nous isolons des autres au plan intellectuel, émotif, et en ce qui a trait au sens que constitue notre équipe et organisation. Cette dernière rupture «spirituelle» représente le plus haut niveau d’isolement possible, difficilement récupérable.

Conflits entre collègues

Cette posture de plus en plus rigide, conjuguée au fait de ne pas voir nos collègues tout au long de la journée, provoque un terreau idéal pour faire des suppositions – sur ce que l’autre pense, dit ou fait (ou non). Facile alors de développer du ressentiment envers certains collègues et l’organisation en général. Dire ce que nous allons faire, et faire ce que nous avons dit est définitivement plus important que jamais.

Savoir-être d’abord

Avec l’avènement de l’intelligence artificielle – qui prendra de plus en plus en charge le savoir et savoir-faire -, l’incidence du savoir-être sur notre réussite et bien-être sera le véritable enjeu de chaque humain, organisation et société au cours des années à venir.

Baisse de productivité

Selon les rapports, depuis la popularité du télétravail de masse, la productivité globale des cols blancs est en chute libre.

Consommation

Travailler de la maison un, deux ou trois jours par semaine n’a pas empêché les gens de continuer de se louer ou de s’acheter une voiture, même si le volume de kilomètres parcourus peut avoir diminué pour certains. Les habitudes de consommation destinées à la garde-robe ne semblent pas avoir fléchi chez les principales bannières – surtout pour les achats en ligne.

Économie locale

La quasi-disparition de consommateurs dans les restaurants, casse-croutes et commerces de détail autour des bureaux a forcé un nombre incalculable de faillites et de fermetures. Les baux d’espaces à bureaux non renouvelés s’accumulent et invitent les propriétaires d’espaces à être créatifs pour survivre. À Manhattan seulement, il y a présentement 95 millions de pieds carrés d’espace vide – du jamais vu.

À suivre!

Marc André Morel
Conférences en entreprise

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