Donner du feedback non-sollicité
Qui peut affirmer aimer que ses invités fouillent dans ses armoires? Personne. Alors pourquoi présumons-nous que nos semblables accueilleront avec révérence nos avis, commentaires, recommandations, conseils, feedbacks et coachings non sollicités, voire carrément imposés, suite à leur travail ou leur performance?
Lorsqu’il s’agit de commenter la présentation d’un collègue, les diapos d’un autre, la façon dont une amie parle à son enfant, la déco du salon de sa sœur, la capsule vidéo d’un ami ou le post d’un contact sur les réseaux sociaux, si on ne vous a pas demandé de donner votre avis, vous savez ce qu’il vous reste à faire. Taisez-vous et retournez dans votre coin.
Les gens n’aiment pas se faire donner des commentaires et des conseils sans les avoir sollicités, point à la ligne! Vous ne pouvez vous en empêcher? Eh bien, changez! C’est un fouilleur d’armoires repenti qui le vous le dit… Peu importe notre justification, qu’il s’agisse de « déformation professionnelle » ou de simple enthousiasme naïf, l’impact de recevoir une évaluation non sollicitée aura le même effet que la visite qui fouille dans nos armoires en ne se mêlant pas de leurs affaires.
Au moins, demandez la permission avant : « Mélanie, j’ai pris quelques notes suite à ta performance et si tu as envie de les entendre, tu me feras signe, on pourra aller prendre un café ensemble ».
En demandant la permission, non seulement nous évitons de devenir un « bully du feedback », mais nous exprimons clairement le respect que nous portons à la personne concernée. En retour, elle ne pourra qu’être incitée à faire preuve de la même courtoisie, sans nécessairement avoir à faire suite à votre offre.
Votre proposition empathique de commenter son travail deviendra le vecteur d’une relation à long terme plus riche, contrairement à la satisfaction à court terme que vous éprouveriez à partager vos impressions, créant ainsi le germe délétère d’une relation avortée ou truffée de malaises.
Vous seriez surpris de constater à quel point les gens ne sont pas forcément confortables et désireux de voir leur travail revu et analysé. Et ce, peu importe leur niveau de compétence, de notoriété et d’expérience.
Considérant que votre interlocuteur puisse être inconfortable ou peu habile à refuser, qu’il ait accepté votre offre ou non, savoir doser avec délicatesse la concentration de vos notes partagées pour ce dernier ne tient qu’à votre niveau d’intelligence émotionnelle et intentions réelles, soit, rendre service ou soulager vos propres impulsions. Vous avez donc ici l’occasion de démontrer votre humanité, davantage que vos connaissances ou vos compétences, ce que les gens retiennent de vous d’abord et avant tout de toute façon.
Au final, si vous savez agir au plus haut niveau de votre savoir-être, votre confiance mutuelle aura grimpé d’un cran et vous aurez développé une réputation enviable qui fera de vous un prisme de collaboration incontournable.
Marc André
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