Rien ne sert de courir, il faut partir à point
Cette phrase, désormais inscrite dans la culture générale de plusieurs nations depuis près de 400 ans, évoque des images douces de notre enfance. Grâce aux inspirantes, intemporelles et toujours aussi pertinentes Fables de La Fontaine, celle du lièvre et de la tortue ponctue un thème de plus en plus régnant de nos quotidiens : la performance.
Des décennies plus tard, dans notre peau d’adulte, la majorité d’entre nous, sautillants comme un lièvre, la majeure partie du temps. Nous avons beau rejeter les thèmes de vitesse, stress, épuisement, burnout et performance de nos vocabulaires depuis quelques années, il en demeure pas moins que l’épuisement est la première cause d’invalidité chez les travailleurs canadiens, devant le cancer, les maladies cardio-vasculaires, maux de dos et accidents de travail. On estime voir l’épuisement apparaître au 2e rang mondial sous peu. Et oui, 54% d’entre vous allez souffrir d’épuisement professionnel, que vous preniez congé ou non, que vous soyez diagnostiqués ou non.
Imaginez que vous roulez et que vous avez une fuite dans votre réservoir à essence. Comment faites-vous pour le savoir? Quel est votre système d’alarme? Où est le voyant lumineux qui s’allumera sur votre tableau de bord? Comment puis-je savoir que je suis en train de me vider de moi-même? Les signes existent, il faut les connaître!
Quels sont les signes qui m’indiquent que je suis entré dans ce piège qu’est l’insidieux et sournois vacuum qui aspirera non seulement mes forces physiques et mentales, mais une partie de mon essence.? C’est comme les autres maladies graves : c’est lorsque le médecin nous l’annonce que l’on sait ce que l’on a.
Développer d’avance des remparts clairs et solides est un travail qui prend des mois et des années, mais si nous souhaitons garder notre train de vie et situation actuelle, nous avons tous et chacun la responsabilité de nous armer en conséquences. C’est comme toutes les choses importantes dans la vie – les finances personnelles, les relations amoureuses, élever des enfants, savoir vivre et bien manger -, on ne nous l’apprend pas à l’école, c’est à nous de nous développer.
Pour l’avoir vécu au début de ma trentaine, alors que j’avais encore les joues roses, n’abusais de rien et avais même complété un demi marathon en 1h37, je peux vous confirmer que ce ne sont pas des vacances. Aller faire tous les tests imaginables dans les hôpitaux de Montréal, en jaquette de papier avec tout ce qui vient avec, entouré de gens en fin de vie, je croyais que je demeurerais diminué des forces qui m’avaient toujours caractérisé. On s’en remet, oui. Mais pas tous. Pour chacun qui a dû aller au fond, il y a quelque chose qui a cassé. Et ça peut arriver à tout le monde. Tout le monde qui se donne, qui aime son travail ou non, surtout à ceux qui sont passionnés et pas en haut de la pyramide.
Inspiré par cet épisode, j’ai lancé ma carrière de conférencier après mon retour à mon emploi de l’époque et rapidement écris mon premier livre qui traite justement de façon plus harmonieuse et naturelle de se réaliser. Après avoir exploré les Ashrams, Yoga, Spas et autres découvertes, je me suis très bien remis sur les rails. Après essais et erreurs, je crois avoir trouvé une structure de vie qui permet de travailler et de se réaliser, dans le sens du moindre effort, sans avoir à courir comme un lièvre! Et sans vivre en position de lotus
Rempli d’humour, la conférence ou formation que je présente sur invitation en organisations dévoilent le fruit de mes humbles recherches s’articulant autour de la science, neuropsychologie, sociologie, organisation du travail, diététique et de la biologie. Le contenu de cette conférence a été nourri par la quête de la réalisation de soi et d’une vie forcée d’être réinventée. Déterminé à faire de la limonade de cet enfoncement, je me suis promis de comprendre ce qui m’avait amené là et de ne plus y retourner. Le plus important étant de partager le fruit de mes recherches afin de prévenir cette situation et responsabiliser le plus de mes semblables possible. Parce que ce n’est pas la faute du boss. Peut-être la faute d’un système, d’une époque, d’un tunnel de valeurs, rarement d’une personne ou d’une entreprise.
Marc André
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