Vivre avec nos ancêtres

Si le crayon de plomb avec sa gomme à effacer à l’autre bout a été inventé, c’est parce que lorsque l’on écrit ou dessine, on fait des erreurs. Dans la vie aussi, nous avons besoin d’une gomme à effacer, pour nos erreurs.

Mais voilà qu’il faudrait en rajouter une autre et puis une autre, pour les erreurs de nos prédécesseurs qui tournent en boucle comme des petits bouts de film dans notre subconscient. De vieilles mémoires bien vives qui finissent par nous surprendre sporadiquement, intégrées dans nos non-dits, notre non-verbal saisi de souvenirs fragmentés, toujours prêts à s’intégrer dans le conscient du présent. Ça, ce sont nos fantômes. Notre mémoire transgénérationnelle.

Nos fantômes dans la peau
Ce serait si simple et si facile si la vie n’était que ce que l’on voit. La vie est rarement tout ce qu’elle semble être. Distinguer le réel de l’invisible tient parfois d’un coup de dé. Ou d’une hallucination. Ce n’est pas parce que je ne vois pas quelque chose qu’elle n’existe pas. Oui, c’est à se demander si nos défunts – ancêtres ou de garde rapprochée -, nous ont réellement quittés.

Le subconscient est composé de tout notre passé vivant, de l’éducation de nos parents à maintenant. Mais il est aussi composé de notre passé d’avant. Le mort saisit le vif, disent les notaires – grâce à cet adage emprunté aux romains.

Plus récemment dans l’Histoire, les travaux de Freud, Jung, Moreno, Rogers et Dolto semblent mener à la même conclusion. Freud parlait d’une « âme collective », Jung, son dauphin, a poursuivi les travaux du maître, en parlant d’« inconscient collectif ».

Les travaux d’Anne Ancelin-Schützenberger vont encore plus loin en précisant l’étude de la psychogénéalogie transgénérationnelle. Selon elle, « nous continuons la chaîne des générations et payons les dettes du passé, tant qu’on n’a pas « effacé l’ardoise ». Une « loyauté invisible » nous pousse à répéter (…) la situation agréable ou événement traumatique (…) ».

Elle raconte dans son ouvrage, « Aïe, mes aïeux », que son perroquet centenaire, hérité de son grand-père, pouvait sortir des phrases et expressions surprenantes de la vieille époque, peu importe qui était à table. Voilà ce qui nous attend chaque instant : un perroquet intérieur imprévisible qui nous fait agir et réagir selon les nombreuses âmes ancestrales ou fantômes que nous portons.

Ce que cela signifie est, qu’il s’agisse d’une dépendance, d’une terrible gestion de vos finances, des malchances domestiques répétées, peu importe, cela pourrait être l’héritage d’un arrière-arrière grand oncle ou d’une grande cousine que, manifestement, vous n’avez jamais connu. Il est cependant possible de mettre fin à cette cascade empoisonnée, grâce à un accompagnement professionnel et un désir sincère de trouver la paix dans ce dossier.

Forts de 10,000
Mais voici ce que nos fantômes peuvent aussi nous apporter. La célèbre animatrice, productrice et actrice, Oprah Winfrey, racontait que lorsqu’elle devait rencontrer les juges et avocats de l’impressionnante Cour qui l’attendait lors d’un méga procès qui la paralysait de peur et d’angoisse, elle s’est levée debout dans sa chambre avant de quitter, et en se regardant dans le miroir, elle a imaginé derrière elle, les dizaines de milliers de femmes et d’hommes de son arbre généalogique qui étaient passés par des épreuves semblables et qui avaient réussis. Cela lui donnait force et puissance. Vous n’êtes jamais seuls.

Retrouver ses fantômes
Si comme moi, il vous arrive de vous enivrer de la fragrance spirituelle d’un de vos partis, question de ressentir à nouveau sa présence, entendre son rire et sa voix, admirer son courage, l’aimer encore un petit peu, sachez qu’ils ne sont jamais partis. Et ils ne sont pas au ciel non plus. Ils ne vous regardent pas de là, ils sont parmi ceux qui regardent derrière vos yeux.

Marc André

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