La dépression, l’anxiété et le trouble du déficit d’attention ne sont pas héréditaires

Comme dans bien des familles, la dépression fait partie de la mienne. Et les moyens de s’auto-médicamenter ne manquent pas : colère, violence, alcool, drogue, nourriture, autosabotage, etc.

Pendant longtemps, j’ai cru avoir hérité des gènes de l’un de mes parents — ou des deux. Pourtant, la science est aujourd’hui claire : la dépression, l’anxiété et le trouble du déficit de l’attention (TDA) ne sont pas héréditaires. Ce sont les troubles de l’humeur, comme le trouble bipolaire, qui présentent une composante génétique. Entre autres.

Il n’existe aucun précurseur génétique au TDAH. Il n’y a pas non plus de précurseur génétique à la dépression ni à l’anxiété. Cela signifie qu’il n’y a pas de lien génétique : on ne les reçoit pas par les gènes. Si votre père ou votre mère était dépressif, vous ne l’héritez pas génétiquement, mais plutôt par ce qu’on appelle l’héritage des caractéristiques acquises. Si vous êtes élevé par un parent dépressif, vous avez plus de chances de devenir vous-même dépressif. C’est l’argument du « nature versus nurture » (inné contre acquis).

Cependant, ce que les chercheurs ont découvert, c’est que la schizophrénie et le trouble bipolaire ont, eux, un lien génétique. Ces troubles ont une base génétique, mais pas les autres.

L’anxiété, la dépression, le TDAH : pas de génétique. Ce qu’ils ont trouvé, en revanche, c’est un lien génétique avec ce qu’on appelle le « gène de la sensibilité ». Il s’agit d’un allèle court sur le récepteur de la sérotonine. Et comme on le sait, la sérotonine est utilisée pour réguler les émotions positives, pour réguler les émotions en général. Lorsqu’on possède cet allèle court, cela signifie qu’on a plus de difficulté à capter la sérotonine, mais cela veut aussi dire qu’on est plus sensible au stress.

Les enfants qui naissent avec ce gène — cet allèle court sur le gène du récepteur de la sérotonine — sont plus susceptibles de développer des troubles mentaux plus tard en raison de cette sensibilité au stress. Mais l’étude montre que si ces enfants reçoivent, au cours de leur première année de vie, une sécurité d’attachement émotionnelle et physique (donc un lien d’attachement sain et présent), cela neutralise l’expression de ce gène.

En somme, si les années passées à souffrir de mille façons, sans comprendre ce qui m’arrivait — sans diagnostic ni traitement — m’ont appris une chose, c’est celle-ci :

Peu importe la cause de votre mal-être, n’hésitez pas à consulter un médecin spécialiste. Oui, un psychiatre. Ce mot peut faire peur, mais c’est souvent cette personne qui pourrait littéralement vous redonner une vie.

Permettez-moi de rappeler que la dépression, l’anxiété et les troubles bipolaires sont des maladies bien réelles — et aussi physiques. Leur origine et leurs manifestations sont en grande partie physiologiques.

L’anxiété, par exemple, active le système nerveux autonome, ce qui peut provoquer des réactions physiques intenses : tremblements, sueurs, oppression thoracique ou sensation d’étouffement dans la gorge. Quiconque a traversé un épisode de l’un ou l’autre de ces troubles sait à quel point chaque fibre de son corps peut être affectée.

Malgré l’étiquette persistante de « maladie mentale », ces affections touchent l’être humain dans son ensemble. Elles sont complexes, enracinées dans des facteurs biologiques, neurologiques, psychologiques et environnementaux. Les réduire à de simples troubles mentaux est non seulement inexact, mais aussi stigmatisant.

Enfin, un mot sur le mot « anxiété ». Avant de l’utiliser pour décrire chaque inconfort, stress ou moment d’agitation, merci de prendre un instant pour réfléchir à ce que ce terme signifie réellement. L’anxiété clinique est un état physique incontrôlable, pas simplement une sensation passagère. Si vous n’avez pas reçu de diagnostic formel, je vous invite, par respect pour ceux qui vivent avec cette réalité, à ne pas employer ce mot à la légère. Certaines personnes ont mis fin à leurs jours à cause de cette maladie.

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