Le plaisir réduit le bonheur

Le plaisir réduit le bonheur. La sécrétion répétée de dopamine, souvent déclenchée par la recherche immédiate de plaisir (récompense), peut perturber l’équilibre de nos neurotransmetteurs. Cela affecte notamment la production de sérotonine, qui, elle, est liée au bien-être durable et à la satisfaction profonde.

Il est fréquent de confondre plaisir et bonheur. Pourtant, leurs effets — surtout biochimiques — sont très différents, particulièrement à long terme.

Même nos expressions populaires entretiennent cette confusion :

« Un bon verre de vin, quel bonheur! »

« Recevoir un message de remerciement du patron, ça rend heureux! »

« Partir en vacances, du pur bonheur! »

Mais au-delà des mots, ces exemples relèvent tous du plaisir… et non du bonheur.

Le plaisir, c’est :

  • à court terme : quelques secondes ou minutes
  • viscéral : ressenti dans le corps ou par les sens
  • lié à l’action de prendre : on prend du plaisir
  • associé à des substances ou stimuli : alcool, sucre, drogues, nourriture, etc.
  • vécu individuellement : centré sur soi
  • potentiellement addictif

Le bonheur, c’est :

  • à long terme
  • volatil : il ne se contrôle pas, il se vit
  • lié à l’action de donner : on rend quelqu’un heureux
  • dissocié des substances ou des objets
  • connecté aux autres : il se partage
  • non addictif : il apaise, plutôt qu’il excite

Pourquoi faire cette distinction?

Parce que plus on confond plaisir et bonheur, plus on passe à côté de ce qui peut réellement nourrir notre sentiment de contentement et d’accomplissement. Et plus l’anxiété s’installe.

J’en fais moi-même l’expérience. Malgré avoir éliminé certaines dépendances de mon quotidien (alcool, cannabis, sucreries), je me surprends encore à scroller mon téléphone (dopamine) en regardant une série télé (dopamine), ou à commander en ligne pour recevoir un colis qui agit comme une petite récompense (dopamine). Résultat? Une forme d’anxiété chronique… et une impression de vide. Moins de bonheur.

La dopamine agit comme une hormone de récompense. Plus on la stimule, plus le cerveau en réclame — en fréquence et en intensité. Cette quête des extrêmes crée des comportements compulsifs… puis une dépendance.

La dopamine excite les neurones. Trop sollicités, ils s’usent, certains meurent. Le cerveau compense : il réclame des stimulations plus fortes pour atteindre le même niveau de satisfaction. C’est ce qu’on appelle la tolérance. Et c’est ainsi que naît la dépendance.

En parallèle, la sérotonine, associée au bonheur, se libère dans un contexte de calme, de contentement, de gratitude. Or, une surproduction de dopamine peut inhiber cette sécrétion.

Autrement dit : plus on court après le plaisir, moins on est heureux.

Un indicateur révélateur

Vous savez que le plaisir a pris trop de place quand votre désir devient un besoin :

Alcool, sucre, café, drogues, jeux vidéo, achats impulsifs, réseaux sociaux, vidéos courtes en rafale…

En moyenne, nous touchons notre téléphone 424 fois par jour. Souvent sans même nous en rendre compte. Vous le vivez probablement vous aussi : plus on tape, clique, achète, décompresse avec un verre, plus l’anxiété monte. Et moins on ressent de vrai bonheur.

Retrouver le bonheur

Pour cultiver un bonheur plus profond, cherchons le contentement à long terme. Modérons notre appétit pour les plaisirs immédiats, souvent illusoires, et reconnectons-nous à ce qui apaise vraiment.

Parce que le bonheur… ne se prend pas. Il se construit

© 2025 Marc André Morel. Tous droits réservés.