Avancer dans le brouillard

Même sur les plus belles routes du Québec, du Canada ou d’Europe, nous pouvons être surpris par un brouillard si soudain que la peur nous envahit, alors que nous passerons de 110 km/h à presque zéro, dépendant de son intensité.

Le brouillard ne cause pas d’accidents. C’est la vélocité de votre véhicule, conjuguée à leurs masse et volume qui fera des dégâts si vous rencontrez un obstacle. Si nous sommes arrêtés, rien ne se passera. Mais la nature humaine, son avidité, son arrivisme et sa dépendance à la dopamine tenue au bout du bâton de la réalisation de son but, fout tout en l’air. Elle provoque impatience et anxiété par rapport à l’avenir, à ce qui est devant, mais qu’on ne voit pas. On se fait des scénarios, parfois sombres, parfois inspirants. Nous devançons les étapes en allant trop loin et trop vite, quitte à y laisser sa peau et celle de l’inconnu qu’on ne voit pas devant nous.

Ces jours-ci, sur le perron de notre maison Terre, le brouillard est multicouche : pandémie, crise proégalité raciale, réaction incertaine des écosystèmes de la planète, et autres. Personne ne peut prédire ce qui sera demain, encore moins dans six mois. Même les penseurs les plus futés, tels que Fareed Zakaria et Thomas Friedman, ne peuvent s’empêcher de «prédire » l’après-Covid. C’est de la « maladie mentale ». Et c’est ce que la télé nourrit le plus.

Savoir avancer dans le brouillard, c’est ralentir et avancer un pas à la fois. Non seulement pour ne pas se casser la gueule, mais pour éviter de tomber dans le piège de l’ego – qui se croit plus fin que les autres. Avancer un pas à la fois, comme l’Ermite le fait dans le Tarot pour atteindre son idéal, c’est ressentir le bénéfice de chaque mouvement, mais surtout de vivre à chaque instant! D’être en plein moment présent, sans les clichés. Pas d’avenir lointain, pas d’anxiété. Pas d’anxiété? Une vie sereine et plus heureuse.

Le brouillard actuel est le Grand Égalisateur. Nous sommes tout à coup tous ramenés au même niveau. Mais comme le Coronavirus nous avait fait oublier l’odieux tabou de la question raciale, George Floyd est peut-être mort pour nous ramener encore plus à la base de ce qui nous unit, pas divise. S’ajoute l’incertitude quant à votre retour au travail, l’insécurité financière, l’avenir incertain de la PCU pour un conférencier comme moi et les miens, l’éducation future de vos enfants, etc. Tout cela n’existe pas. Seul notre mental est responsable de nos visions et scénarios. Ce qui existe c’est là où vous voyez vos pieds, le devant de votre voiture et les dix mètres que vos phares éclairent le soir -suffisamment loin pour traverser tout un pays. Et votre histoire personnelle.

Avançons, marchons, un pas à la fois.

Marc André Morel

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