Grandir, c’est aussi réduire
L’image que crée l’idée de grandir, en est une de croissance. Grandir comme un enfant sait le faire, un animal, ou même un projet qui prend vie et grandit sous nos yeux. On imagine le sujet prendre de l’ampleur, du volume, voire de la masse.
Il en est de même pour tous nos éclats de conscience. Tous ces moments de grâce, où, suite à nos marches solennelles, tête baissée, nous avons mis un pied devant l’autre, des mois ou des années, jusqu’à ce que la lumière fût. Jusqu’à ce que nous puissions reconnaître, subtilement, que la partie invisible de nous a grandi. Patiemment, nous sommes devenus une meilleure personne. Certes, plus conscients de nous-mêmes et de nos vies parallèles, en contraste à la seule qui ait du sens.
Comme un adolescent qui grandit trop vite et qui souffrira peut-être de maux aux genoux, la poussée de croissance nous signale sa présence par des inconforts. Variables d’un thème à l’autre, d’une âme à l’autre. Grandir invoque l’expansion dans l’équation, la plupart du temps. Mais grandir veut aussi dire «réduire».
Réduire son seuil de tolérance
Réduire certaines facettes de soi, une à la fois. Réduire son seuil de tolérance à la souffrance est une manière de grandir. Par exemple, une personne aux prises avec la maladie de l’alcoolisme pourrait être au point de ne plus endurer la violente gueule de bois, et réduire son niveau de tolérance à la souffrance que sa consommation provoque. Ainsi, il ou elle pourra entamer un processus de rétablissement. À l’aide d’un geste de compassion envers soi, nous pouvons dire « assez » à une substance, à la violence, la tyrannie de bureau, le manque de respect, et ainsi de suite. Chaque pas vous rendra plus forts.
Retirer nos masques
Retirer les masques qui nous empêchent de montrer notre vrai visage, c’est réduire et c’est aussi grandir. Une prise de conscience à la fois, en finir avec les prétentions matérielles qui ne vous intéressent même pas, par exemple. Pourquoi courir, à deux bons salaires, pour finir par ne pas avoir le temps de respirer du matin au soir ? Est-ce que c’est « moi » tout ça? La maison de rêve, les enfants habillés avec du neuf et tous ces achats qui n’en finissent plus? Nous rapprocher de la personne que nous sommes réellement nous fait obligatoirement grandir. Ceci implique de retirer des couches qui enveloppent et définissent mon identité, pas en ajouter.
Lâcher ses béquilles
Pendant les premières années de ma carrière, je commençais mes conférences avec la même blague – de quelqu’un d’autre. Il m’aura fallu courage et patience pour faire culbuter cette béquille de plus en plus contraignante, qui m’empêchait d’être moi-même et de grandir comme conférencier. Dépourvu de ce poids, je suis reparti comme une fusée. Faites le tour de votre vie et identifiez ce qui ne vous sert plus : amitiés, «sécurité» d’emploi, choix de destinations vacances, peu importe.
Réduire le nez de Pinocchio
En effet, réduire les mensonges que nous entretenons face à nous-mêmes, permettra une poussée de croissance intérieure inégalée. Arrêter de prétendre que nous aimons notre emploi, notre propre sœur, notre quartier, que tout va bien, alors que plusieurs piliers de votre vie s’écroulent lentement.
Atténuer nos défauts
Les racines de nos défauts de caractère sont là pour de bon. Cependant, ceux qui grandissent sont ceux qui réussissent à les réduire, sans s’attendre à arracher la racine. Ainsi, nombre de retardataires, colériques, paresseux, égoïstes ou désorganisés peuvent – et doivent – atténuer certains de leurs traits de caractère. Faire évoluer son âme est le but de la vie.
Grandir, c’est aussi réduire.
Marc André
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