L’appréciation de la beauté pour s’élever et se relever

Voici le message intégral que j’ai écrit à un ami précieux qui en était à Jour 46 du sevrage de sa dépendance aux substances. En le relisant, je me rends compte qu’il nous appartient à tous. Le voici:

«Bravo pour ces 45 jours complétés et ce Jour 46 entamé. Tu écoutes ton corps, oui, mais tu écoutes et respectes ton âme.

Si tu permets, je souhaite te partager une de mes plus précieuses pratiques, qui m’a permise de me relever à mon tour, à une autre période de ma vie. Aujourd’hui, ce réflexe de vie nourrit ma joie et mon bonheur, d’occasion en occasion. Il s’agit simplement de savoir à apprécier la beauté.

Facile de la voir et l’apprécier lorsqu’elle nous saute au visage: une femme mannequin vêtue du chef-d’oeuvre d’un grand couturier, un chant d’oiseau nouveau, un soleil radieux qui se pointe après 4 jours de temps gris, une Ferrari…

Mais pour poursuivre notre vie vers le chemin d’une conscience plus élevée, notre contrat nous indique d’aller vers la voie de l‘amour. De donner de l’amour, de dégager la vibration de l’amour, d’engendrer chacun de nos pas dans l’amour. Développer ce muscle peut prendre des années, pour la plupart des humbles chercheurs de lumière que nous sommes.

La pratique nous invite à utiliser nos sens et ramener la sensation vers le coeur. Notre âme fera le reste. Ce qui veut dire de voir la beauté partout où tu as oublié qu’elle était: une lampe bien placée dans ton salon qui feutre l’atmosphère comme tu l’aimes, deux mammas italiennes qui se parlent passionnément dans la rue, un écureuil perché haut dans l’arbre la tête vers le bas qui attend de voir si tu vas lui laisser quelques noix, étudier un bourgeon de la fin avril jusqu’à mai pour témoigner de son éclosion, et ce, même les journées où il est plus difficile de vivre.

Savoir apprécier la beauté nourrira ton état d’amour qui, en retour, chassera ces peurs qui vibrent en toi et qui nourrissent, en partie, nos dépendances.

Comme tu en as peut-être entendu parler, le célèbre survivant de l’Holocauste, Dr Viktor Frankl, a passé le reste de sa vie à partager ce message que je t’envoie aujourd’hui. En plein camp de concentration, il se forçait à voir et apprécier la beauté partout où il le pouvait. Il raconte que, notamment, la tête de poisson dans la soupe d’eau sale qu’on lui avait servi, constituait suffisamment d’éléments pour lui de voir et apprécier la beauté présente dans son bol. Après avoir observé des dizaines d’autres détenus du camp mourrir subitement de « perte d’espoir », après la guerre, une fois sorti, il a poursuivi ses recherches et a développé son propre programme de développement, la logothérapie.

Cette fragmentation de l’espoir et du courage de ces détenus qui mourraient subitement, était nourrie par la peur. Quelque soit notre environnement, vivre dans la peur constante – consciente ou inconsciente -, engendrera de l’anxiété, de la colère, un sentiment de vide, de la dépression ou épisode de manie. L’envers de la peur, c’est l’amour. La brèche que crée l’amour pour s’en rapprocher quand on y est éloigné, c’est l’appréciation de la beauté.

Le code d’entrée de l’appréciation de  la beauté, c’est l’humilité. La photo du type au sommet d’une montagne, au coucher du soleil, avec les mains sur les hanches, dominant la nature, ce n’est pas ce à quoi ressemble celui qui est dans l’amour, l’humilité et l’appréciation de la beauté. Ton coeur te dira si tu es dans la vérité ou non. Tu te sentiras bien tout de suite, avec une douceur chaude au coeur, tes yeux souriront délicatement et tes lèvres suivront la symphonie entamée par ta décision.

Je suis là mon ami.»

Voilà ce que j’ai écrit à mon ami, pour l’aider à se relever, en tendant vers la beauté.

Elle est partout.

Marc André

Photo: Antonino Visalli

© 2018 Marc André Morel. Tous droits réservés.