Le calme, c’est la force

«Restez calme. Rappelez-vous, le calme c’est la force». Sur le seuil de la porte, telles furent les dernières paroles de ce père d’une famille juive de Prague, en 1942, prononcées à ses enfants et son épouse, alors que la Gestapo l’emmenait vers les fourgons. Cette anecdote est racontée par une de ses filles, survivante des camps de concentration, dans le film documentaire, «La dame du 6» (*).

Imaginez le chef d’État ukrainien, Volodymyr Zelensky, tenter d’inspirer force et courage à son peuple, face à l’invasion russe, en perdant son sang-froid, s’agitant ou en criant, lors de ses points de presse captés depuis son abri secret. Sa force se témoigne dans ses propos dont l’urgence et la gravité sont senties, mais mesurées. Son calme est sa force. Et une de ses forces est son calme.

Une voix calme capte l’attention

Une de mes amies me fascine. Elle gère de gros dossiers pour le géant Aon, et même lorsqu’elle a des ennuis avec sa voisine, dès que je la rencontre, elle parle tout doucement. Lorsqu’elle me raconte les détails plutôt scabreux de ses litiges, elle happe toute mon attention grâce à son volume serein et authentique.

Enfants, nous savions que «notre heure avait sonné» lorsque notre parent baissait le volume et le rythme de leur voix, en laissant lentement filer entre leurs dents notre nom complet. Vous vous souvenez? Le calme transmis dans la voix donne plus de poids à nos propos. Il nous permet également de mieux choisir nos mots et notre ton, particulièrement payant devant un client, collègue ou employé.

Le silence rehausse l’autorité

Laisser passer une, deux ou trois secondes, avant de répondre ou s’exprimer, est extrêmement puissant. Les plus grands orateurs savent maîtriser cet aspect, qui peut aussi être transféré à nos communications quotidiennes. Savoir provoquer une pause ou un silence, à un instant stratégique, est l’une des habitudes qui reçoivent le plus de résistance lors de mes coaching sur les techniques de présentations. C’est contre-intuitif. Ce qui explique probablement son énorme pouvoir. L’ex-président de la France, Charles de Gaulle, disait : «Rien ne rehausse mieux l’autorité que le silence, la splendeur des forts».

Sir Winston Churchill, à l’époque où il tenait le combat de la deuxième guerre en Europe sur ses épaules, a su unir, rassurer et fortifier des populations entières derrière son calme. Le plus grand exemple historique de manifestation de force à travers le calme, demeure pour moi, Gandhi. Sa démonstration de force grâce à sa protestation non violente a permis au peuple indien d’obtenir leur indépendance. Ont suivi les Martin Luther King, Nelson Mandela, et plusieurs autres.

La maîtrise de ses émotions

C’est grâce à la maîtrise de leurs émotions que les plus grands athlètes se démarquent de leur concurrence. Nous pouvons toujours identifier qui est une vieille âme, comme on dit. Il s’agit de ceux qui restent indifférents face aux revers. Ou, ce que les autres appelleraient revers. Comme si rien ne s’était passé.

Celui qui parle le plus fort dans la pièce, c’est toujours le plus faible.

Marc André

Photo: McDermott (Unsplash)

(*) : Film recommandé : «La dame au 6», YouTube – La scène évoquée dans le texte est à 13 m, 58 s.

 

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