Le trait de caractère le plus détesté

Une des sections les plus appréciées de quelques-unes de mes conférences  est celle où l’auditoire fait la liste des « Qualités des gens d’exception ». Une section de la conférence très édifiante, qui ramène chacun face à lui-même en relief aux 20 ou 25 qualités énumérées.

Mais qu’en est-il de ce qui nous est le plus rébarbatif chez l’autre? Une attitude négative? Paresseux? Cynique? Vulgaire? Irritable? Égoïste? Parle fort? Narcissique? Non..!

Selon mon expérience et mes observations, le trait de caractère le plus détesté de tous est : se plaindre.

Peu importe le sujet de ses doléances, une personne qui se plaint est quelqu’un qui a abandonné. C’est le maillon faible de la chaîne. Celui ou celle que le groupe d’oiseaux, de coyotes, de loups, d’ours ou d’antilopes va larguer derrière et qui va crever, s’il ne réussit pas à se joindre à un autre bataillon. Celui qui pleurniche est foutu. Tel que le dit ce vieil adage : « Réjouissez-vous et le monde se réjouira avec vous. Pleurez et vous pleurerez seuls ».

Se plaindre, c’est dire : « Je n’ai pas besoin de vous, je peux survivre tout seul », alors que les lamentations du personnage grincent tout à fait le contraire. Car la musicalité de ses incantations berce nos tympans aussi bien qu’un couteau dérape au fond d’une assiette de porcelaine bien nette. Les deux donnent envie de fuir.

Quelqu’un qui se plaint déborde odieusement de narcissisme. Voilà un être qui a décidé de vous prendre en otage et qui vous dit : « Je suis plus important que vous ». « J’aimerais que vous me prouviez le contraire, mais je ne vous laisserai pas la chance d’avoir une opinion autre que la mienne, ni de vous en aller ».

Notre archétype de politesse et de courtoisie face à ces prédateurs de conscience impénitents est tout à fait inversé face aux lois de la nature. Leur chantage a réussi à atteindre nos gorges et nous voilà qui étouffons d’incongruence face à ces manipulations résonantes tels des sabots tonitruants dans un hall glacial. Car c’est vrai que nous avons appris à nous taire, à acquiescer et à rester ligotés sur place jusqu’à la fin du siège.

Mais depuis quand est-il accepté de laisser un « agresseur » nous leurrer dans sa peau de « victime ». Les juges voient défiler ces personnages chaque jour dans leur cour, ça nous savons.

Une personne qui se plaint surfe sur son histoire personnelle. Tout le temps. Elle s’affaiblit de jour en jour et s’isole d’heure en heure. Jamais notre histoire personnelle pourra venir à notre secours. Jamais une ancre peut servir de bouée.

Troquer son histoire personnelle pour une mission personnelle est le plus beau cadeau que vous pouvez vous faire. Et au monde. Toute mon adolescence, je l’ai passée à me plaindre et à être malade. Ce que je recherchais me fuyait entre les doigts. Tout ce que je désirais c’est d’avoir un peu d’amour et d’attention. Il m’a fallu des années avant de comprendre que je devais me la fermer et donner ce que je souhaitais recevoir. Ce que j’ai appris pour y arriver est immense :

Ce pour quoi quelqu’un se plaint n’est pas le réel problème. Le problème, ce n’est pas la personne non plus. Le problème, c’est la blessure. Peu importe qui ou quoi a causé le bagage de l’individu, il s’agit de sa responsabilité à demander de l’aide, de consulter et de cheminer.

Lorsque l’on se désintoxique de ce poison qui contamine nos vies et celles des autres, à la maison comme au travail, nous finissons par remplacer la pulsion de nous plaindre par celle de donner, de contribuer, d’aider et d’apprécier.

Marc André

 

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