Parler à travers son chapeau

Parler à travers son chapeau, c’est parler de ce qu’on ne sait pas. Il s’agit d’une expression bien québécoise, mais le phénomène est répandu entre tous les humains, de toutes les époques à travers notre histoire. Au moins aussi loin que les Grecs, qui ont structuré l’art oratoire, enseignements récupérés par monsieur Dale Carnegie, de qui j’ai appris la première règle d’or de la prise de parole en public : avoir mérité le droit de prendre la parole grâce à ses connaissances et/ou expériences.

Le terme exact pour l’action de donner son avis sans savoir est l’ultracrépidarianisme, Mentir est une chose, exagérer en est une autre. Dépasser son champ de connaissance lors d’une communication avec un individu ou un groupe est devenu un réflexe pour des millions chaque jour. Autour d’un café, en réunion, lors d’un zoom ou sur les réseaux sociaux, les soi-disant experts en hormones du bonheur, cuisine végétalienne, finances personnelles, diagnostics de santé mentale juvénile, date de fin de la pandémie et plans de la haute direction, ne savent se taire.

Et voilà justement une bonne façon de les reconnaître. Ils parlent. Ils parlent beaucoup et souvent. Leurs déclarations de la «vérité» sont plutôt extrêmes, d’ailleurs. Ils sont pour ou contre tel ou tel camp, mais ils ne savent pas réellement pourquoi. Alors ils parlent. Et ils croient. Et ils vous donnent leur avis. Sans savoir.

Lorsque vous êtes plus prudent, modéré, voire centriste, dans vos positions, vous faites partie de la majorité silencieuse. Dans ce cas, vaut mieux s’engager, prendre la parole. Sinon on entend que les extrêmes. Des extrêmes qui en savent souvent moins que vous.

Marc André

Photo: Toa Heftiba

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