Travailler en mou sans jouer mou
Tous n’ont pas la liberté de travailler de la maison. Mais le télétravail deviendra un des plus grands héritages de 2020 pour des décennies à venir. L’option de travailler sans chaussures ni ceinture inconfortables, dans des vêtements amples et douillets, habituellement au service du sport, communément appelés du « mou », est une arme à double tranchant.
En effet, il faut éviter de glisser dans le piège du signal que notre corps envoie à notre cerveau. Ce dernier peut avoir mal interprété l’abondance de vos tâches, les documents à créer, les échéances et les informations à mémoriser, et ainsi de suite. Votre cerveau pourrait se fier à votre calme ambiant, votre tasse préférée qui fume la tisane et votre tenue décontractée. Dans ce cas, il serait tenté de vous faire perdre de vos pleines acuités et habiletés au multitâche, rapidité, détermination et résilience. Il vous ferait «jouer mou». Ce qui voudrait dire par exemple: ralentir la cadence, oublier des parties du projet, être moins engagé, perdre le feu sacré, être brouillon ou mal préparé, etc.
Se pardonner
Ce serait tout à fait normal si cela vous était arrivé ou vous arrivait. Qui n’a pas levé le pied de la pédale à l’occasion? Voilà une bonne façon de se relancer encore plus fort après. Des sportifs professionnels vont «jouer mou» de temps à autre, des employés moins bien préparés qu’à l’habitude, des employés de soutien, même des formateurs et conférenciers peuvent avoir ralenti le tempo à l’occasion.
Tenir sa brique
Une comédienne de théâtre, télévision et cinéma, qui était devenue ma coach, me répétait de «tenir ma brique» (à bout de bras) de la 1re à la dernière minute de ma conférence. C’était une image qu’elle avait créée pour se rappeler de retourner devant les lentilles aussi incarnées de son rôle, après de longues heures d’attente, qu’à sa première présence.
Jouer de conscience et truquer son cerveau
Parce qu’on ne choisit pas de «jouer mou» lorsque nous sommes professionnels, engagés et passionnés. À moins de ne pas être sur son X ou de mauvaise foi, le rythme et l’intensité glissent à notre insu. Je me souviens que je soignais ma coiffure et ma tenue vestimentaire lorsque je passais une journée au bureau de la maison, au début de ma carrière. À cette époque, ces éléments avaient un effet sur ma motivation et le niveau de performance que j’offrais durant la journée. Tout ce que je pouvais faire pour me rappeler que j’étais un professionnel qui défendait sa place au même titre que ceux qui travaillaient dans tous les bureaux du Québec, je le faisais.
Une question de jugement et de personnalité
Les zones grises sont larges dans ce dossier. Une bonne dose de jugement devrait suffire, en fonction de notre personnalité, n’est-ce pas? Vous connaissez India Desjardins, l’auteure de la série à succès Le journal d’Aurélie Laflamme? Sans connaître les chiffres à ce jour, elle avait déjà vendu plus de trois millions de livres lorsque j’ai su qu’elle existait. Et elle a tout écrit, vêtue de «mou». Quand même! Le plus grand peintre du monde moderne, Pablo Picasso, peignait en short et torse nu à l’occasion. Combien de toiles se sont vendues à des dizaines de millions de dollars ou d’euros?
Chose certaine, j’ai déjà appris que pour laisser s’exprimer notre créativité, il importe de ne pas porter de chaussures. Nous avons tant besoin de vos bonnes idées pour nous élever au-dessus de cette période, alors ne craignez pas de miser sur votre confort, tout en le conjuguant à votre croissance.
© 2020 Marc André Morel. Tous droits réservés.