Un pied sur le quai, un pied dans le canot

Le résultat est saisissant. La douleur aussi. Quiconque a connu cette expérience, soit de s’aventurer sur un plan, aux fondations bien différentes que celles sur lesquelles il ou elle est habitué de faire son chemin, sait tout ce qu’il y a dire sur cet écart.

Parce qu’il s’agit d’un écart plus relatif qu’on ne sait le croire. D’abord, l’évident grand écart pour lequel notre maladresse se joindra à notre destin pour nous enduire d’humilité. Au préalable, il est fort probable que vous ayez dû vous mouiller au sol aquatique de manière spectaculaire. En gros, pour ne pas finir comme un os à poulet en forme de Y écartelé, vous avez dû perdre pied et prendre la flotte de force!

Outre l’écart physique, celui qui m’intéresse ici est celui que nous faisons maintes et maintes fois dans nos vies. Les éclaboussures sont moins flamboyantes, mais tout aussi dommageables pour la suite de notre parcours.

Par exemple, imaginez que vous rencontrez votre patron et que vous lui affirmez que vous saurez mettre les bouchées doubles pour aider dans la nouvelle transition – soirées et weekends s’il le faut. Après avoir déjà oublié cette conversation concernant votre carrière, plusieurs semaines plus tard, vous promettez à votre conjoint d’être plus présent à la maison. Ça vous dit quelque chose? On ne prend pas l’avion du Canada vers Hawaï en espérant atterrir à Paris. C’est un ou c’est l’autre. Chacun en son temps.

Notre manque de cohérence est parfois à hurler! À hurler de rire, ou d’exaspération. Faire une sortie avec des gens que l’on n’aime pas vraiment, garder un emploi pour le salaire alors qu’on prêche l’importance d’être sur son X, inculquer à ses enfants des valeurs que l’on ne respecte pas soi-même. Entre autres.

Parfois, ces choix en Y sont inconscients. Ils finissent par amputer notre joie de vivre et nos résultats. Souvent, il s’agit d’un « angle mort », un genre de oups pour lequel on se rend compte, mais qui finit souvent par nous envoyer la tête dans le sable quand même.

Il y a moyen d’en finir avec ces directions, de type amants et maîtresses, tous «invités à souper» avec votre famille de valeurs et de nobles objectifs. Prenez le temps de réfléchir à ce que vous voulez, apprenez à découvrir qui vous êtes vraiment, et écrivez tout! Comme si vous vous mettiez à perdre la mémoire. Avant que vous ne perdiez pied et que vous finissiez aussi écartelés que ceux qui se dépêchent de n’aller nulle part.

Marc André

Photo: Kurt Wiegand

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